Antoine Bachelin Sena, France-Soir
Les révélations d'Oleksandr Dubinsky : un séisme géopolitique pour l'Ukraine, les États-Unis et la Russie ?
DR
Le 21 juillet 2025, une lettre choc d'Oleksandr Dubinsky, député ukrainien emprisonné et candidat à la présidence, adressée à Tulsi Gabbard, directrice du renseignement national américain, a secoué la scène internationale.
Depuis sa cellule, où il affirme subir des tortures documentées par l'Ombudsman ukrainien, Dubinsky accuse le président Volodymyr Zelensky de répression orchestrée avec la complicité de Washington.
Cet article, qui a été revu et validé par Dubinsky en personne de sa cellule, expose ses accusations explosives : corruption liée à Hunter Biden, ingérence électorale américaine et un appel pressant à la paix. Alors que les négociations de cessez-le-feu entre l'Ukraine et la Russie piétinent, marquées par des exigences conflictuelles, et que l'aide militaire américaine vacille sous l'administration Trump, ces révélations pourraient-elles redessiner les alliances internationales ?
Une répression brutale sous Zelensky
Emprisonné depuis novembre 2023 sans jugement, Dubinsky dénonce des abus ordonnés par le Service de sécurité ukrainien (SBU) sous les directives de Zelensky. Des preuves médicales, comme des radiographies de côtes fracturées, confirment ses allégations, validées par l'Ombudsman. Il évoque la mort de Gonzalo Lira, un Américain décédé en détention dans des conditions inhumaines, comme un exemple similaire.« Ils veulent me réduire au silence », déclare Dubinsky, liant sa persécution à ses révélations sur la corruption et son opposition à la guerre. Il affirme avoir échappé à deux tentatives d'assassinat commanditées par ce qu'il appelle un « régime tyrannique ».
Cette répression s'inscrit dans un schéma plus large. En 2021, Zelensky a fermé des chaînes de télévision indépendantes (112 Ukraine, NewsOne, ZIK) et, en 2022, interdit les partis d'opposition, qualifiant les dissidents d'« agents russes » pour étouffer les critiques. Selon Dubinsky, la guerre sert de prétexte pour consolider le pouvoir et aligner l'Ukraine sur les intérêts électoraux américains.
Corruption et ingérence, l'ombre de Burisma
Au cœur des accusations de Dubinsky se trouve Burisma, où Hunter Biden siégeait au conseil d'administration. En 2019, avec Andriy Derkash, Dubinsky a révélé des documents montrant des détournements de fonds publics ukrainiens. Ces révélations ont conduit à des sanctions américaines contre Derkash, basées, selon Dubinsky, sur des accusations fabriquées par une ONG liée à l'USAID, le Centre d'action anti-corruption (AntAC).
Il affirme que 140 enquêtes sur la corruption, incluant des affaires majeures comme celle du charbon (Medvedchuk, Poroshenko) ou des bateaux (Ukroboronprom), ont été détruites en 2022 sur ordre de Zelensky. Dubinsky accuse des agences américaines, dont le FBI et le Département d'État, d'avoir étouffé ces scandales pour protéger les Biden. Un échange de textos entre David Arachamiya, chef de la faction « Serviteur du peuple », et Kristina Kvien, ex-chargée d'affaires américaine à Kyiv, suggérerait des pressions pour marginaliser Dubinsky après ses révélations.
Un contexte géopolitique tendu
En 2025, les relations entre l'Ukraine, les États-Unis et la Russie sont sous haute tension. Les négociations de paix, relancées à Munich en février, sont au point mort, Trump conditionnant l'aide militaire à des réformes internes. La nomination de Tulsi Gabbard, critique de l'establishment, comme directrice du renseignement américain, ravive l'espoir de Dubinsky. Ses appels à enquêter sur des manipulations électorales passées résonnent avec ses accusations.
En Europe, les positions divergent : l'Allemagne hésite, la France pousse pour une médiation, et le Royaume-Uni soutient fermement Kyiv. Les révélations de Dubinsky, notamment sur des scandales comme l'achat d'uniformes inadaptés via une société-écran liée à un proche de Zelensky, pourraient fragiliser davantage l'aide occidentale.
L'influence présumée de Soros
Dubinsky pointe du doigt George Soros et son ONG AntAC, qu'il accuse de contrôler les médias, la justice et les forces de l'ordre pour préparer l'Ukraine à la guerre. Fondée en 2016, AntAC, financée en partie par l'USAID, a été impliquée dans la publication de documents contre Paul Manafort en 2016, suggérant une ingérence dans les élections américaines. Dubinsky voit ces structures comme des outils pour discréditer les voix pro-paix.
Un plan pour la paix
Dubinsky propose une vision de paix alignée sur les idées de Trump, critiquant Zelensky pour avoir saboté les pourparlers. Il appelle à :
- Cesser la persécution de l'Église orthodoxe ukrainienne.
- Décentraliser le pouvoir avec des gouverneurs élus.
- Organiser des référendums sur l'OTAN et l'UE.
- Éviter une escalade vers une guerre nucléaire.
Il a saisi la Cour suprême d'Ukraine pour exiger des élections, dénonçant l'absence de scrutin malgré l'expiration du mandat parlementaire. « Des élections libres sont la seule voie pour sauver l'Ukraine », insiste-t-il, plaidant pour un retour à l'ordre constitutionnel. Une audience est prévue le 25 septembre 2025.
Un appel à la vérité
Les accusations de Dubinsky dénoncent une Ukraine sous emprise, entre corruption, répression et ingérence étrangère. Il alerte sur une campagne de Zelensky visant à discréditer Trump via un « Russiagate 2.0 », utilisant son procès comme arme politique. Il appelle la communauté internationale à enquêter et met en garde : des élections sous loi martiale avec un seul candidat pourraient plonger l'Ukraine dans une guerre civile.
La Cour suprême ukrainienne doit trancher : la Constitution sera-t-elle respectée, ou le régime actuel prolongera-t-il son pouvoir sans légitimité ? L'avenir des relations entre l'Ukraine, les États-Unis et la Russie dépend de cette réponse.
Notes :
Le document est une lettre officielle émise par le Commissaire aux droits humains du Parlement ukrainien, adressée à Dmytro Lubinets, l'Ombudsman d'Ukraine. Datée du 8 décembre 2023, elle détaille le traitement des plaintes relatives aux droits humains déposées sous des numéros de dossier tels que № 5076.
La lettre s'étend sur trois pages et fait partie d'un processus d'enquête formel déclenché par des appels reçus entre le 6 et le 8 décembre 2023.
Le contenu décrit la réponse du Bureau du Commissaire à ces plaintes. Il décrit un examen préalable effectué du 6 au 8 décembre 2023, et les actions subséquentes, y compris des demandes d'informations envoyées à des entités comme le Service national des gardes-frontières et le ministère de la Défense.
Des délais spécifiques sont notés, comme une période de réponse de 29 jours à partir de la date de réception.
Le document fait référence à une coordination interne entre les départements, comme le Département des appels et le Secrétariat, et inclut les signatures de responsables clés : Dmytro Lubinets, I.B. Masliyov, I.M. Pisemniy, B.M. Nikitenko et O.B. Dolii, confirmant son authenticité.
Cette lettre reflète le mandat de l'Ombudsman de protéger les droits humains et de superviser la responsabilité du gouvernement en Ukraine.
Elle traite des prétendues violations ou griefs soulevés par les citoyens, le Bureau du Commissaire agissant comme intermédiaire pour garantir une enquête appropriée. L'inclusion de codes QR, de tampons officiels et de références détaillées aux dossiers (par exemple, № 2939, № 2297) indique un processus juridique structuré.
Certains cas restent en cours d'examen, suggérant des efforts continus pour résoudre les problèmes.
En résumé, il s'agit d'un registre bureaucratique de diligence raisonnable, documentant le traitement étape par étape des plaintes, la communication inter-agences et le respect des délais légaux, tous visant à maintenir les normes des droits humains en Ukraine à la fin de 2023.